Que penser du mot « vieux » ?
Vous le trouvez choquant ? Inapproprié ? Inadapté ? Ou plutôt réaliste et correct, pensant qu’il faut appeler un chat un chat ?
Le sens du mot vieux renvoie à « ce qui est dans la vieillesse ». Jusqu’ici rien d’anormal alors pourquoi n’osons-nous pas l’utiliser ? De quoi avons-nous peur en appelant un vieux un vieux ?
Est-ce non pas le mot qui nous fait peur, mais plutôt ce à quoi il renvoie, c’est-à-dire la vieillesse ? Donner un nom à ce qui nous effraie ne le rendrait-il pas d’autant plus réel ?
Et quoi de plus normal d’avoir peur de la vieillesse si elle est associée à la maladie, à la dépendance et à la fin de vie ?
Il est tout à fait normal que notre esprit veuille prendre ses jambes à son coup à l’idée de sa finitude ou rejeter en bloc toute idée ou mot qui pourrait lui rappeler notre qualité de mortel.
Et si nous lui disions « hop hop hop, pas si vite ! » à notre esprit ?
Viens ici que je t’explique pourquoi il ne faut pas avoir peur du mot vieux.
La première critique qu’on lui porte est liée à sa signification. En effet, le mot “vieux” nous vient du latin vétuste, usé, dont on ne peut pas dire qu’il soit le plus flatteur. Pourtant, nous préférons utiliser le mot sénior qui lui nous vient du mot sénile, ce qui n’est pas franchement mieux, alors que n’est-ce pas d’autant plus péjoratif ?
Le terme senior est préféré, car il renvoie dans l’imaginaire commun à une vieillesse utopique e idéalisé. Alors que le mot “vieux” renvoie à tout ce qu’on ne veut pas qui nous arrive en vieillissant. Mais en termes de vieillissement, tout n’est pas tout noir ou tout blanc et un peu de nuance, que ce soit pour un terme ou pour l’autre, est de rigueur pour ne pas stigmatiser les vieux.
Les mots ont le sens qu’on leur donne.
Si je parle des vieux et que vous trouvez ça choquant, est-ce pour autant que mon propos l’est aussi ?
L’appellation « vieux » est la première idée reçue à déconstruire. C’est l’arbre qui cache la forêt des préjugés que nous portons sur les personnes âgées en général.
L’idée reçue est de penser qu’utiliser le mot “vieux” c’est renvoyer la personne à sa fragilité. Le problème n’est donc pas le mot, mais le sens qu’on lui donne. Le problème n’est pas d’appeler un vieux un vieux, mais de penser un vieux comme une personne fragile, dépendante, malade, lente, etc.
En créant ce podcast, nous voulions déconstruire les stéréotypes que nous pouvons avoir sur la vieillesse pour mieux comprendre les vieux et mieux les accompagner dans notre travail au quotidien. Le plus évident de tous est le mot “vieux” que l’on utilise pour provoquer, pour questionner et lancer le débat. Nous avons cependant sous-estimé l’obstacle qu’il pouvait représenter. C’est pourquoi nous vous proposons cet épisode, car il est important de comprendre qu’un mot a que le sens qu’on lui donne de sa propre perspective et qu’au-delà du mot, c’est son utilisation qui est importante. Dans Culture Gé, nous l’utilisons avec bienveillance, sans mépris ni condescendance, en espérant qu’il vous donne envie de regarder la vieillesse en face.
Notre perception de la vieillesse conditionne notre vocabulaire. Plus je m’intéresse à la vieillesse et aux personnes âgées, plus, je comprends la complexité et la diversité d’expérience de cette étape de la vie et les nuances qui viennent colorer ce terme. Ce que je veux dire par là, c’est que si l’on voit la vieillesse comme une période de notre vie empreint de sagesse, maturité et plaisir, y aurait-il toujours un problème à appeler un vieux un vieux ?