À quel âge est-on vieux ?

Il y a les vieux, vieux, les jeunes vieux, les vieux qui se sentent jeunes et les jeunes déjà vieux.

La vieillesse ne serait donc pas une question d’âge ? C’est ce que nous allons chercher à savoir en répondant à la question : les vieux sont-ils tous vieux ?

Chose curieuse que vous avez peut-être remarquée en parlant avec eux, ils se sentent souvent plus jeunes que leur âge. Et quand on demande leur secret à ces vieux, ils disent que ce n’est pas une affaire d’âge.

Pourtant, à regarder la définition la plus basique du mot, si le vieux est une personne qui a vécu longtemps, alors tous les vieux, sont vieux. Les Français quant à eux pensent que l’on devient vieux à partir de 69 ans. Nous cesserions ainsi d’être jeunes, passé la barre des 70 ans ? À 69 ans, vous êtes encore jeunes et à 70 ans vous êtes devenu vieux. Un peu arbitraire non ?

On ne peut pas réduire les personnes âgées à un âge comme on ne peut pas réduire les jeunes à un âge. Vous conviendrez que chez les moins de 25 ans, avoir 10, 15 ou 25 ans, ça n’a rien à voir. De même, avoir 70, 80 ou 90 ans n’a rien à voir. Donc les vieux ne sont pas tous vieux, tout simplement, car il ne s’agit pas d’une population homogène.

L’âge chronologique, l’âge social et l’âge biologique.

De plus, l’âge est pluriel et dynamique. Un individu cumule plusieurs âges qui évoluent au fil des années. Il y a l’âge chronologique, l’âge social, l’âge biologique. L’âge chronologique d’abord, celui lié à notre date de naissance et qu’on ne peut donc effacer de notre carte d’identité, même si certains aimeraient bien.  L’âge social ensuite, celui que l’on nous donne, qui transparaît dans notre aspect ou notre attitude, parfois incroyablement à côté de la plaque.  L’âge biologique enfin, illustré par le proverbe « on a l’âge de nos artères » et qui se mesure grâce à différents marqueurs biologiques en lien avec l’état de nos organes (cœurs, poumons, foie, reins, etc.).  Trois âges donc, qui peuvent être différents les uns des autres.

L’écart entre l’âge chronologique et biologique est le plus intéressant, car selon une étude de Daniel Belsky parue en 2015 « pour une personne de 38 ans il peut varier de moins de 30 à plus de 60 ans ».  Imaginez avoir 30 ans en âge réel et 60 ans en âge biologique, qu’en sera-t-il quand vous aurez réellement 60 ans ? L’auteur de cette recherche nous explique que l’intérêt de mesurer notre âge biologique est de diagnostiquer des maladies plus tôt. Ce faisant, nous pourrions mieux prévenir les maladies et surtout ralentir notre vieillissement.

Voici pour le corps.

Et l’esprit dans tout ça ? On entend souvent que l’âge, c’est une question de mental, que pour ne pas être vieux, il faut rester jeune dans sa tête.

Faut-il alors ressortir ses Playmobil et écumer les festivals ? Ces caractéristiques, bien qu’elles soient susceptibles de représenter la jeunesse, ne représentent pas cette idée de « rester jeune » dans sa tête. Tout simplement parce que ça ne veut rien dire. Cet abus de langage a servi à créer un antagonisme entre jeunes et vieux sur le simple principe que l’âge serait un déterminant suffisant pour qualifier une activité.

Cependant, une idée se cache derrière cette expression. Vieillir, nous dit Antoine Gérard, c’est « devoir vivre avec les contraintes de l’avancée en âge en ayant de moins en moins de ressources pour y faire face« . Cette phrase illustre le point de départ des différents parcours que l’on peut suivre lorsque l’on se retrouve face à sa propre vieillesse. En vieillissant, certains décident de se mettre au sport quotidiennement pour rester en forme. D’autres, d’acheter un smartphone et d’utiliser les réseaux sociaux pour rester en contact avec leur famille. D’autres encore, de s’inscrire à un club pour éviter l’isolement ou de déménager en résidence senior pour se faciliter la vie. Chacune de ces actions a pour but de contourner ces contraintes que l’on rencontre en vieillissant, en trouvant d’autres ressources.

Ces personnes s’adaptent à leur environnement, changent leurs habitudes pour répondre à leurs nouveaux besoins.

L’idée cachée serait donc cette capacité à s’adapter. Ces personnes âgées qui participent encore à des compétitions sportives, qui font du bénévolat ou celles qui sont plus actives que vous sur Facebook anticipent et s’adaptent dans le but de prévenir le vieillissement. C’est ainsi comme cela qu’elles restent jeunes en s’adaptant aux changements qu’amène l’avancée en âge.

Alors non, tous les vieux ne sont pas vieux, car la vieillesse n’est pas une question d’âge. Il faut arrêter d’avoir peur du vieillissement et comprendre que la quête du bien vieillir est une illusion. Être vieux, c’est voir son corps et son esprit changer. L’enjeu est donc de s’adapter à ces changements et d’apprendre à vieillir avec. Parce qu’il y a autant de façon de vieillir qu’il y a de personnes/vieux.

Sources :

• https://www.petitsfreresdespauvres.fr/informer/nos-actualites/a-quel-age-devient-on-vieux
• Quantification of biological aging in young adults, Daniel W. Belsky, Avshalom Caspi, Renate Houts, Harvey J. Cohen, David L.Corcoran, Andrea Danese, HonaLee Harrington, Salomon Israel, Morgan E.Levine, Jonathan D. Schaefer, Karen Sugden, Ben Williams, Anatoli I. Yashin, Richie Poulton, Terrie E. Moffitt. Proceedings of the National Academy of Sciences Jul 2015, 112 (30) E4104-E4110; DOI:10.1073/pnas.1506264112
• Podacst SocioGérontologie Saison 1 Episode 4 : La vieillesse n’est pas une question d’âge