9 français sur 10 souhaitent vieillir chez eux, et on se demande où souhaite aller le dixième ! Sûrement au bord de l’océan en train de siroter un cocktail, en tout cas pas dans un EHPAD avec pour compagnie une voisine à qui il doit rappeler son prénom chaque jour.
Pourquoi l’EHPAD est-il tant rejeté ? Il est vrai que la presse en dresse un portrait plutôt déplorable : scandales de maltraitance, manque de personnel, tarifs onéreux… Mais est-ce la seule et unique raison ? Pour y répondre, posons-nous 3 questions sur les vieux et l’Ehpad.
Cette idée reflète l’impossible association entre établissement d’hébergement et chez soi, comme si l’un ne pouvait être l’autre. La particularité de l’Ehpad est qu’avant d’être un lieu de vie, c’est aussi un lieu de travail et un lieu de soin. Par conséquent, on ne possède pas la même liberté de mouvement ou d’activité. En emménageant, vous acceptez aussi de vous plier au règlement intérieur en vigueur.
Fini la possibilité de se balader tout nu, manger aux horaires que vous voulez, d’aller ouvrir le frigo quand vous avez une fringale la nuit.
C’est pourquoi la personne doit faire un travail d’appropriation de ce nouvel environnement pour se sentir chez elle. Dans leur article, Domestiquer l’institution, Kevin Charras et Fany Cérèse mettent en avant deux paramètres indispensables pour faciliter ce travail. Le premier concerne le lien d’attachement que la personne crée avec un nouveau lieu ; le second les caractéristiques physiques du lieu. Utiliser ces paramètres pour transformer l’espace et le rendre appropriable par la personne permettrait de créer un sentiment de chez soi pour tout nouvel arrivant.
Quitter son chez-soi revient à laisser derrière soi sa vie d’avant, et une part de nous-même. Faire le deuil de son ancien logement et accepter l’entrée en institution ne se fait pas en un clin d’œil, mais requiert un travail permanent sur notre identité. Bien souvent, l’urgence de la prise de décision transforme l’entrée en Ehpad en véritable rupture avec soi-même. De parent ou grand-parents, on devient la personne malade et dépendante. Notre lieu de vie reflète une part de notre identité . Dans ce cas, comment envisager un instant de se sentir chez soi en institution ?
Avec le travail d’appropriation de ce nouveau lieu, s’accompagne donc un travail de remaniement identitaire pour la personne. Elle doit être capable de se projeter dans ce nouvel environnement physique et social pour se sentir chez elle. Et encore plus important que ce sentiment de continuité avec soi, le sentiment de sécurité doit lui aussi être respecté. Être respecté dans son autonomie, c’est-à-dire continuer à prendre des décisions pour soi.
Mouroir, c’est souvent le terme que l’on entend pour désigner les EHPAD, avec cette idée que l’on vient y attendre la mort. Et bien oui, l’Ehpad n’est pas qu’un lieu de vie, c’est aussi un lieu de fin de vie. Mais le problème n’est pas d’y mourir, car la majorité des personnes âgées meurent chez elles et cela ne transforme pas pour autant leur logement en mouroir une fois vieux. Non, ce sont les conditions du mort qui posent un problème. (Mais les conditions du mourir)
La culture palliative dans ces établissements n’y est pas toujours développée. On manque de chambres pour les personnes en fin de vie, de personnel formé en soins palliatifs, de conventions avec des réseaux de santé en soins palliatifs.
Alors que les Ehpad sont faits pour accueillir des personnes âgées nécessitant une assistance médicalisée quotidienne et pour un certain nombre, ils entrent à un stade avancé d’une maladie incurable. Que faire d’autre dans ce cas à part leur assurer le confort maximum pour les accompagner jusqu’au bout ?
Conclusion, chacune de ces idées est à la fois vraie et fausse, cela dépend de la façon dont l’établissement organise l’accompagnement de ses résidents. Alors ne tombons pas dans les généralisations abusives (Attentions aux généralisations abusives), de nombreux établissements innovent, avec des philosophies de soins qui protègent l’autonomie de la personne et respectent ceux qui y travaillent.
Sources :
Lien vers l’épisode de podcast : https://smartlink.ausha.co/culture-ge/20